La mythologie nordique

La mythologie scandinave

Skôp

Lorsqu'on étudie la civilisation des anciens Scandinaves, on est frappé par le fait que tous leurs textes sont dominés par l'omniprésente figure du DESTIN. Tout est écrit d'avance pour tout, y compris pour les Dieux. Tout est soumis au destin et rien ne peut lui échapper. Quoi qu'on fasse, c'est le destin qui nous guide même si on le connaît. Pour le Scandinave, le destin est une divinité, la plus grande et la plus puissante de toutes. Il lui donne de nombreux noms, dont Skôp qui veut dire destinée, ce qui a été façonné. Tout puissant DESTIN. Les divinités du destin sont les Norns, ce sont elles qui fixent les destinées à chaque naissance et elles sont immuables. Pour un Nordique, le destin est sacré.

Eiginn màttok megin
(force propre et capacité de chance)

Si tout est fixé d'avance, à quoi bon vivre sans pouvoir guider sa vie? Pourquoi ne pas se laisser aller et attendre? Et bien le Scandinave dit non, il vit pleinement. Il est habité par « Vighugr » (l'esprit de la lutte). Il participe à son destin, il le prend en charge. Il méprise la lâcheté et le scepticisme, ignore le suicide, hait l'homosexualité. Le destin est sacré et il s'est incarné en lui. Il l'accepte et l'accomplit. Un homme que le destin a délaissé est mort, ou c'est tout comme, car il est désacralisé.

- La dignité de l'homme, sa grandeur, seront d'accomplir sa destinée, de l'incarner volontairement, de la prendre en charge.

- Il n'y a pas de solitaire : la mesure de cet accomplissement se prend au regard d'autrui, dont le témoignage a force de consécration publique (Régis BOYER/Evelyne LOT-FALK : « Les religions de l'Europe du Nord » Fayard-Denoël).

Il existe un texte fort important qui décrit en détail la cosmogonie scandinave, de la création à la fin du monde ou, pour traduire dans leurs termes, « le crépuscule (ou destin) des puissances » c'est la Völuspà.


La génèse

« C'était au premier âge
Où il n'y avait rien,
Ni sable ni mer
Ni froides vagues;
De terre point n'y avait
Ni de ciel élevé,
Béant était le vide
Et d'herbe nulle part. »

(Völuspà, str3).

C'est clair, au début il n'y a que le Chaos. Faisons appel au Gylfaginning, autre texte tiré de l'Edda de Snorri Sturlusson. Au début il n'y a que le vide béant (Ginnungapap); au nord se trouve Niflheim (monde des ténèbres), couvert de glace et de givre; au sud se trouve Mùspellheim, un monde de feu. La rencontre de ces deux mondes donna naissance à Ymir, le premier être, un géant du givre et père de toute cette mauvaise race dont les individus sont aussi appelés Thurs.

Un jour qu'Ymir dormait, il entra en transpiration; de sous son bras gauche naquirent un homme et une femme, puis un fils de par ses pieds. C'est de là que proviennent toutes les races. Puis de la transpiration qui gouttait, naquit la vache Adumla. De ses pis coulent quatre fleuves de lait qui abreuvent Ymir.

Elle se nourrissait en léchant les pierres givrées; ce faisant, de la pierre sortit un homme en trois jours. Il se nommait Buri et il engendra Burr qui épousa Bestia, une géante du givre, qui lui donna trois fils : Odin, Vili et Vé dans l'ordre.

Puis les fils de Burr tuèrent Ymir. Ils mirent son corps entre Niflheim et Mùspellheim (entre le froid et le chaud, au milieu de Ginnungapap). De son sang, ils firent la mer, les lacs et les rivières; de sa chair, la terre; de ses os, les montagnes; de ses dents, les amas de cailloux; de son crâne, le ciel porté par quatre nains nommés Nordri, Sudri, Austri et Vestri. Des étincelles et des scories provenant de Mùspellheim, ils firent les lumières du ciel et de la terre. Ils firent la terre ronde et la profonde mer se trouve à l'extérieur. Sur le rivage de cette mer, ils donnèrent aux géants de la terre à bâtir, Jötunheimr. A l'intérieur des terres, ils firent Midgardr avec les cils d'Ymir. Enfin, avec la cervelle d'Ymir, ils firent les nuages.


La création de l'homme

Un jour, les fils de Burr marchaient le long du rivage et de deux souches ils firent un homme et une femme d'où descendent tous les humains. La Völuspà (str17 et 18) ne dit pas tout à fait la même chose. La différence réside dans les protagonistes. Ce n'est plus Odin, Vili et Vé mais Odin, Hoenir et Lodur :

« 17. (...) trois Ases
(...)
Trouvèrent sur le sol,
De peu de force doués
Ask et Embla (les deux souches)
Privés de destinée.
18. ils n'avaient pas d'esprit,
ils n'avaient pas de sens,
De sang ni de son
Ni de saines couleurs;
Odin donna l'esprit,
Hoenir donna le sens,
Lodur donna le sang
Et les saines couleurs. »

Odin est connu, Hoenir ne se trouve qu'ici et Lodur, il semble, et les experts sont d'accord, que ce soit Loki. Les hommes sont donc nés et ils vivent dans Midgardr. Alors les Dieux entreprirent la construction d'Asgardr (l'enclos aux Ases), à côté duquel s'étend la plaine Idavöllr. Asgardr est au centre de Midgardr qui est ceint de la grande mer au-delà de laquelle se trouve Utgardr (l'enclos du dehors), domaine des démons, des géants et autres créatures monstrueuses et maléfiques (R. Boyer; « La Religion des Anciens Scandinaves » - Ed. Payot).


La construction d'Asgardr

Elle est relatée dans le chapitre 41 de la Gylfaginning et, par certains côtés, elle ressemble à une bonne grosse farce, surtout pour Loki.

Cela se passe au début, les Dieux ont posé les fondations de Midgardr et fait le Valhöll. Arriva alors un géant, maître d'oeuvre, qui leur proposa de construire Asgardr en un an et demi en échange de quoi il aurait Freya, le soleil et la lune. Après délibérations, les Dieux décidèrent d'accéder aux désirs du géant si celui-ci construisait la forteresse en un hiver seulement et, sur les conseils de Loki, il fut décidé qu'il pourrait s'aider uniquement de son cheval Svadilfari, car il lui avait été interdit d'employer des humains.

Quelle ne fut pas la surprise des Dieux lorsqu'ils virent que l'étalon du géant traînait des blocs de pierre aussi gros que les montagnes! A trois jours du début de l'été, il ne restait plus que le porche à réaliser... Les Dieux se réunirent et forcèrent Loki, par la peur, à empêcher le géant de finir à temps.

Loki sortit donc dehors sous la forme d'une jument en rut. L'étalon, se laissant aller à l'appel de Dame Nature, se mit à courir derrière la jument Loki, et le géant à courir derrière son cheval. La construction ne fut pas finie à temps, le géant eut la tête fracassée par Thor et Loki fut engrossé par le superbe étalon. Peu de temps après, Loki mit au monde un magnifique poulain gris à huit pattes qui devint plus tard Sleipnir, le coursier d'Odin.

La création de la poésie

Parmi les dieux, il y a deux grandes familles : les Ases avec Odin et Thor à leur tête, et les Vanes avec Njordr et Freyr, son fils, à leur tête.

Pour une raison obscure (encore que la Völuspà en donne une : ce serait de la faute d'une certaine Gullveig, qui se traduit par puissance ou ivresse de l'or), les Ases et les Vanes vinrent à se faire la guerre. Longtemps la victoire ne revint à aucun camp, aussi les Dieux tinrent conseil et prêtèrent serment.

Ils crachèrent dans un chaudron pour sceller ce serment. Du contenu du chaudron, ils firent un homme, Kvasir, qui était le plus sage. Un jour il fut tué par deux nains qui mirent son sang dans un chaudron (Odrérir) et dans deux jarres (Son et Bodn). Ils y mêlèrent du miel et le mélange donna un hydromel rendant poète celui qui en boit.

Mais les deux nains tombèrent sous le pouvoir du géant Suttungr et, pour avoir la vie sauve, ils lui donnèrent le précieux hydromel. Voilà alors Odin qui entre en scène sous le nom de Bolvekr! Par ruse, il réussit à s'introduire chez Suttungr, à séduire sa femme qui, comblée et conquise, lui permet de boire trois gorgées du divin nectar. En ces trois gorgées, Odin boit le contenu des trois récipients puis s'enfuit par les airs sous la forme d'un aigle, poursuivi par Suttungr, également transformé en aigle. De justesse Odin réussit à arriver à Asgardr sain et sauf et donne le nectar de poésie aux Dieux.

La poésie est aussi appelée don d'Odin, boisson d'Odin, trouvaille d'Odin, butin d'Odin ou boisson des Ases.

La mort de Baldr

Je vis Baldr,
Le Dieu ensanglanté,
Le fils d'Odin,
Marqué par le destin;
Se dressait, poussée
Plus haut que la plaine,
Grêle et très belle,
La branche de gui.
Sortit de cet arbre
Qui grêle semblait
Le douloureux trait funeste
Que lança Höd
Le frère de Baldr était
Né trop tôt,
Celui-là n'avait qu'une nuit
Qui tua le fils d'Odin.

Völuspà, Str31 et 32

Tout a commencé par un songe que fit Baldr et où il se vit mort. Il en parla aux Dieux qui tinrent conseil. Baldr était le plus beau et le meilleur des Dieux. A la fin du conseil, Frigg, la mère de Baldr, partit parcourir le monde pour faire prêter serment à toutes choses animées et inanimées de ne jamais faire mal à Baldr. Les serments furent scellés. Mais Frigg oublia de faire prêter serment au gui qui était à peine né. Puis elle rentra annoncer la nouvelle.

Alors les Dieux inventèrent un jeu : ils lançaient toutes sortes d'objets ou d'armes sur Baldr, qui ne pouvait être blessé par rien...

Un jour, Loki réussit par la ruse à faire dire à Frigg ce qui pouvait blesser Baldr. Il partit alors à la recherche d'une branche de gui et revint au moment où les Dieux se livraient à leur jeu favori. Il remarqua Hödr, le dieu aveugle et frère de Baldr, qui ne participait pas au jeu. Loki lui parla et lui dit de lancer sur le meilleur des Dieux ce trait insignifiant (le gui), lui Loki, serait ses yeux. Hödr lança le gui qui transperça Baldr de part en part de sorte qu'il tomba mort. Les Dieux eurent grand chagrin. (Là, la Völuspà indique qu'un des frères de Baldr, Vali, âgé d'une nuit, tua Hödr le meurtrier de Baldr. Mais revenons maintenant à la Gylfaginning, chap. 48).

Les Dieux firent une cérémonie funéraire tandis que Hermôd, autre fils d'Odin, envoyé par Odin et les Ases, monté sur Sleipnir, fit un voyage de 9 jours et 9 nuits pour se rendre chez Hel, à Niflheim, le monde des ténèbres, des morts, pour lui demander de ne pas garder Baldr, mais de le laisser revenir parmi les siens. Hel y consentit à condition que toutes choses animées et inanimées pleurassent la mort de Baldr. Hermôd fit le voyage du retour et fit son rapport. Alors les Ases envoyèrent des messagers qui rencontrèrent toutes choses et toutes pleurèrent. Ils étaient sur le chemin du retour lorsqu'ils demandèrent à une vieille femme, dans une grotte, de pleurer le mort. Mais cette vieille femme, qui n'était autre que Loki transformé, ne pleura que des larmes sèches. Aussi Baldr resta-t-il au royaume ténébreux de Hel.

Les Dieux furent très en colère et coururent longtemps après Loki le rusé, qui finalement fut capturé non loin de chez lui. Puis les Dieux prirent Vàli et Nari, les fils de Loki. Ils transformèrent Vàli en loup qui mit en pièces Nari. Avec ses intestins, ils lièrent Loki. Puis Skadi, la femme de Njordr, plaça un serpent venimeux au-dessus de Loki de telle sorte que le venin goutte sur son visage. La compagne de Loki recueillie ce venin dans un bol qu'elle vide lorsqu'il est plein. La douleur ressentie par Loki, due au venin qui tombe sur son visage, est telle que ses mouvements de douleur font trembler les montagnes et la terre.

C'est donc Loki qui provoque les tremblements de terre, attendant dans la souffrance le jour du Ragnarök.


Le Ragnarök

« Puis Surtr projette du feu sur la terre et consume tous les mondes ». (Gylfaginning, chap. 50).

Deux textes importants existent sur le Ragnarök: le Gylfaginning, en prose, et un poème, la Völuspà. Il faut dire que Völuspà signifie « prédiction de la voyante ». C'est-à-dire que tout comme la mort de Baldr, le Ragnarök est une vision d'avenir, dictée par le destin et donc inéluctable.

Dans cette gigantesque bataille du Ragnarök qui se tiendra sur la belle plaine de Vigrid, aux portes d'Asgardr, la grande majorité des Dieux périront. Personnellement je préfère, d'un point de vue pratique, le Gylfaginning à la Völuspà qui, en tant que poème scaldique, a une construction plutôt compliquée. Mais je le préfère surtout pour l'épisode de Vidar tuant Fenrir car, et Dumézil l'a brillamment démontré, il présente, tout comme cette grande bataille eschatologique, de fortes réminiscences Indo-Européennes et une grande similitude avec le Dieu Hindou Vishnù. Lisons donc le chapitre 50 du Gylfaginning ou tout au moins une partie :

« (...) il y aura de grandes batailles dans le monde entier. (...) Nul n'épargnera son père ou son fils. (...) Le loup avalera le soleil (...). L'autre loup avalera la lune. (...) Fenrir se détachera. La mer déferlera sur la terre car le serpent de Midgardr se retournera dans sa fureur de géant et montera à terre. Là-dessus se détache le navire qui s'appelle Naglfari : il est fait des ongles des morts. (...) Le géant qui le dirige s'appelle Hrym. Le loup Fenrir va, la gueule béante, la mâchoire inférieure contre la terre et la supérieure contre le ciel. (...) Le feu jaillit de ses yeux et de ses naseaux. (...) Dans ce fracas, le ciel s'entr'ouvre et les fils de Muspell arrivent chevauchant. Surtr vient en tête, précédé et suivi de feu ardent. (...) quand ils traversent Bifrost, le pont se brise. Les fils de Muspeil (géant du feu) se rendent à la bataille dans une plaine qui s'appelle Vigrid. Y arrivent également Fenrir et le serpent. Loki s'y trouve aussi, ainsi que Hrym avec tous les Thurs du givre, accompagnent Loki tous les guerriers de Hel, mais les fils de Muspell ont leur propre ligne de bataille, violemment lumineuse. Quand ces événements arrivent, Heimdall se lève et souffle de toutes ses forces dans Gjallahorn. (...) Ygdrasill tremble et nulle créature n'est sans crainte dans le ciel et sur la terre. Les Ases et tous les Einherjars (...) s'avancent à la bataille (...). En tête chevauche Odin (...) avec sa lance Gungnir. Il marche à la rencontre de Fenrir (...). Freyr va se battre contre Surtr et il y a rude mêlée avant que Freyr ne tombe (...). S'est également détaché le chien Garm (...). Il lutte contre Tyr et ils s'entretuent. Thor occit le serpent de Midgardr et fait neuf pas, puis i1 tombe à terre, tué par le venin que le serpent a vomi sur lui. Le loup Fenrir engloutit Odin. C'est sa mort. Mais dans l'instant qui suit, Vidar se précipite et écrase d'un pied la mâchoire inférieure du loup. (...) D'une main il saisit la mâchoire supérieure du loup et lui arrache la gueule : ce sera la mort du loup. Loki se bat contre Heimdall et ils s'entretuent. Puis Surtr projette du feu sur la terre et consume les mondes. »


Fin de la bataille

Les Dieux sont morts. Est-ce la fin absolue? Non, une résurrection suit. A l'ombre d'Yggdrasill, l'arbre du monde, deux êtres ont été épargnés, Vie et Vivace. Ils retrouvent un nouveau soleil. Egalement reviennent les Dieux bons uniquement, Baldr à leur tête. A ses côtés sont Hodr, son frère qui l'avait tué malgré lui, Vidar et Vàli, Modi et Magni, les fils de Thor qui auront Mjollnir. Le soleil avait eu une fille qui a survécu au cataclysme, et elle marche maintenant sur les traces de sa mère (pour les Scandinaves le soleil est féminin).


Les créatures du monde scandinave

Les géants

Ce sont des créatures humanoïdes, très grandes et très fortes, mais elles ne sont pas bêtes, au contraire. Elles possèdent la science des runes et peuvent voir l'avenir. Lorsqu'Odin veut savoir le futur, il va consulter la tête de Mimir qui, avant qu'on la lui sépare du corps, était un géant. Ils sont les premiers, toutes les races y compris les Dieux descendent d'eux. Les parents d'Odin sont des géants, la mère de Thor est une géante. Ils sont laids et souvent monstrueux, mais leurs filles sont belles et séduisent les Dieux. Ils habitent loin de Midgard, au-delà de la mer extérieure, à Utgard, en un lieu nommé Jotunheimr. Le chef des géants du feu est Surtr, le chef des géants du givre est Hrym. Thrym est un géant que Thor tuera, aidé de la ruse de Loki, car il avait osé lui voler son marteau; cet épisode est relaté dans « Le chant de Thrym » où l'on voit Thor le viril obligé de se déguiser en femme pour pouvoir récupérer son marteau.

Les nains

Ce sont, comme chacun sait, des créatures fort anciennes et souterraines. Les nains étaient là bien avant les hommes. Ils craignent la lumière du soleil car elle peut les transformer en pierre. Dans l'Alvissmal, Thor, qui pourtant n'est pas très rusé, utilise ce désavantage pour venir à bout du nain Alviss. Ce sont des créatures divines. Ce sont eux qui ont forgé les armes et armures des Dieux, y compris Mjollnir, la lance et l'anneau d'Odin. Alors.., ne confondez pas les nains de notre monde, ils s'en vexeraient !

Les alfes

Ce sont des créatures aériennes, légères et poétiques qui ont pour grand ami Freyr avec qui elles partagent les mêmes occupations : la fertilité, les cultures... Les alfes habitent Alfheim. Les alfes sont divins et rencontrent souvent les Dieux. Il est bon de ne pas les agresser car, bien que pratiquant des occupations fort peu martiales, ce sont des combattants extrêmement redoutables et ils usent naturellement de magie.

Les dieux

Les Dieux scandinaves sont très nombreux et leur généalogie assez complexe, mais voici les plus importants :

Odin

«Odin est le premier et le plus vieux de tous les Ases; il règne sur toutes choses et, bien que les autres Dieux soient puissants, ils le servent tous (...). Il s'appelle aussi Valfödr parce que tous ceux qui tombent sur le champ de bataille sont ses fils adoptifs. Il leur donne place dans Vahöll et Vingolf et on les appelle Einhrejar » (Gylfaginning, chap. 19).

Physiquement, c'est un personnage inquiétant. Il est grand, imposant, porte manteau bleu sombre et grand chapeau rabattu, non pour cacher son visage mais à cause de son orbite vide : il est borgne. Son oeil, il l'a laissé en gage dans la source de Mimir, au pied d'Yggdrasill, l'arbre du monde; ainsi il peut consulter la tête de Mimir qui repose dans la source pour connaître le passé, le présent et l'avenir. Odin possède aussi la science des runes : pour l'obtenir, il a fait une chose que peu auraient faite...

Havamal, str. 138 et 139.

Je sais que je pendis
A l'arbre battu par les vents
Neuf nuits pleines
Navré d'une lance
Et donné à Odin,
Moi-même à moi-même donné,
A cet arbre
Dont nul ne sait
D'où proviennent les racines.
Point de pain ne me remirent,
Ni de coupe;
Je scrutai en dessous,
Je ramassai les runes,
Hurlant les ramassai.
De là, retombai.

Odin s'est pendu pour obtenir la science des runes. Les runes sont magiques et nécessaires à sa pratique. La suite du poème est terrifiante et nous montre clairement que seul le sacrifice peut nous mener à la connaissance...


Patrick Pelleau, Chroniques d'Outre Monde


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