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Les Tableaux tirés de l'Iliade

LIVRE I - TABLEAU IV

Il ajoute : "On ne voyait partout que des monceaux de morts sur des bûchers qui brûlaient sans cesse."
Cette scène est horrible ; mais elle est abondante pour la peinture. Le spectateur frappé de la punition, est plus aisément affecté de la cruelle situation de ceux qui ont survécu. Il n'est pas douteux qu'on ne brûlât les corps du temps d'Homère, et que cet usage n'eut été interrompu dans la suite ; mais il se pourrait qu'Homère, qui ne négligeait rien et qui n'ignorait rien de ce que l'on faisait de son temps, ait regardé la purification du feu, comme elle est en effet, c'est à dire, comme la meilleure et la plus assurée contre la peste.
Un des inconvénients de ce sujet, est la difficulté de placer Apollon dans une attitude qui le fasse paraître assez grand pour un événement qui se passe dans un aussi grand espace, et dont il est la figure dominante.
C'est en vain pour la peinture, qu'Homère l'a fait descendre avec beaucoup d'action du sommet de l'Olympe, et qu'il le place sur un lieu élevé. Je croirais que l'artiste pourrait le représenter assis sur un nuage, et dans l'action d'exercer sa vengeance ; cette position surnaturelle répare le défaut de proportion, et suffit non seulement pour élever l'esprit du spectateur jusqu'à la Divinité, mais pour autoriser des actions encore plus grandes : si tant est que ce soit une licence, je la crois pardonnable.
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